avant tout ça il y avait le bonheur. ou du moins l’illusion d’une certaine stabilité. un jardinier qui tond la pelouse d’un jardin trop grand sans jamais se plaindre de la chaleur écrasante de l'été. maman travaille dans son bureau pendant que papa passe de nombreux appels téléphoniques en insultant copieusement les employés incompétents. selon lui il faut être un tyran pour avancer. kyubok n’a jamais été de cet avis. avant les grands bouleversements chaque minute de la vie était une chance. un enfant et un adolescent d’une douce candeur que la vie a rendu amer. lui qui passait des après-midi entières en bord de mer, à dessiner les vagues et les drôles de reflets du soleil à leur surface, se contente maintenant de se remémorer des années plus calmes. alors certes il mène de front des études brillantes et sa passion la plus précieuse mais il n’est pas passé à travers les mailles du filet des drames. petits comme grands ; on les croit inexistants jusqu’à ce que l’on fréquente un monde plus sale qui ne nous épargne pas. c’est ce qui est arrivé au petit garçon trop gentil. il a grandi et s’est perdu dans un univers auquel rien ne le prédestinait pour pouvoir atteindre son rêve. il a fait son entrée sur un terrain ou saleté et grossièreté riment avec vie au rythme effréné. il ne peut pourtant pas dire qu’il regrette. il a perdu bien des choses dans le processus mais...qu’importe ? l’innocence troquée contre les perfidies d’un microcosme qui ne pardonne rien. les soirées sont endiablées, les basses qui frappent tympans et cœurs en accord sont dévastatrices et agréables à la fois, l’alcool est un délicieux opium. pas de retour en arrière possible. le voilà paumé au milieu d'un labyrinthe aux allures de paradis.