Eunji a tout du leader né. Il attire le regard par sa simple présence, sûrement que son joli visage aide, il le sait, mais il n’empêche qu’il est né pour diriger. Charismatique, il donne une certaine confiance à ceux qui l’entoure, sans pour autant être parfaitement capable d’en avoir pour lui-même. Pourtant, il connaît ses capacités, ses points forts comme ses limites. Ca l’aide à être lucide sur qui il est, une certaine forme d’humilité qui l’empêche d’avoir l’ascendant sur les autres. Un poil perfectionniste, il peut passer des heures et des heures sur quelque chose d’inutile et ne comprends pas que les autres n’aient pas la même vigueur que lui, ça le rend intransigeant sur un grand nombre de chose. Puis y a les merdes qui arrivent au coin de la gueule et qui détruisent tout, les rêves comme les certitudes. Ca change un homme, ça a changé Eunji. Autrefois extrêmement extraverti et sociale, il tend plus vers un comportement solitaire et aux remarques cyniques. Légèrement renfermé, il a du mal à trouver sa place dans ce Busan qu’il hait tant.



o1 ⊱ Eunji a grandi au bord de la mer et il pourrait même dire qu’elle est encrée en lui. Lorsqu’il ferme les yeux dans ses moments de calme, il a l’impression d’entendre le bruit des vagues l’appeler. Il a la mer dans le sang, c’est ce que son grand-père lui disait toujours. La mer dans le sang, c’est de famille. Les Nam sont des pêcheurs et ils ont toujours été des pécheurs. Des petites barques aux bateaux à moteur, des petits pièges aux grands filets... La mer leur a toujours tout donné : un métier, un toit, de la nourriture, une communauté et une certaine sérénité. o2 ⊱ Son père est pêcheur, son grand-père était pêcheurs, comme son père et son grand-père et le père de son grand-pères. Les Nam sont pêcheurs depuis la nuit des temps, et leur mer est celle de Busan. Eunji était destiné à devenir pêcheur, c’est comme ça, c’est dans ses gènes, dans son histoire. Eunji aime la mer mais Eunji a toujours eu des ambitions plus grandes que ce que le destin lui réservait. o3 ⊱ Eunji n’a pas toujours été tout seul. Il y avait quelqu’un d’autre à la maison. Un homme presque, plus grand que lui, avec une voix grave, les joues qui piquent. Il se souvient de sa voix qui hurlait sur contre celles de ses parents, celle de son père surtout. Il se souvient de la musique, celles qu’il lui faisait écouter, il se souvient des danses qu’ils partageaient, de l’ombre de ce corps immense à côté du sien. Eunji a oublié son nom, mais il n’a jamais oublié les rêves qu’il lui a confié.   o4 ⊱ Quelques jours avant ses cinq ans, Eunji a été invité à une fête très spéciale, une fête qu’il n’a pas aimé et dont certaines scènes viennent hanter ses cauchemars. Ils se souvient des larmes, surtout celles que son père a laissé échapper. Celles de sa mère, du reste de sa famille, des voisins et des d’inconnus. Il se souvient de sa chemise un peu trop grande et des chaussures qui lui faisaient trop mal aux pieds. Il se souvient des fleurs, des vêtements noirs et du silence brisé seulement par des sanglots. o5 ⊱ La famille Nam n’aime pas parler. Défaut de communication, on se hurle dessus au mieux des cas, mais généralement, on ne dit rien, on enfouit, on oublie. Eunji a oublié beaucoup de choses, il a oublié son grand frère, il a oublié son suicide et il a oublié que ses parents ont joué un rôle dedans. Surtout, il oublie qu’il reproduit également le même schéma : même rêves, mêmes ambitions, mêmes disputes avec ses parents. Ils ont vu mourir un fils et se refusent à en voir mourir un deuxième. Ils préfèrent l’oublier que de ramasser son corps inerte.  o6 ⊱ Eunji a une boîte en carton remplie de cassettes et un vieux lecteur qui va avec. Il ne s’en souvient pas, mais c’est un héritage de son frère. C’est comme ça qu’il s’est mis au chant, puis un peu à la danse. Eunji n’a peut-être jamais été le meilleur, mais il attire le regard. Il a un joli visage et une aura qui accroche l'attention. C’est comme ça qu’il a eu son audition. Présentation clandestine dans l’espoir d’avoir un avenir qui ne sera pas lié à l’odeur du poisson. o7 ⊱ Son père a beaucoup crié ce soir-là. Et sa mère n’a rien dit. Il a crié le lendemain et le jour d’après. Puis il a arrêté de parlé et ils ne se sont plus adressé la parole depuis. Eunji n’a plus de père depuis qu’il a signé dans son agence à Séoul. Il a encore eu une mère pour quelque temps mais peu importe, ça aussi ça n’a pas duré. Aujourd’hui il n’a plus personne, juste lui et les amis qu’il a abandonné. o8 ⊱ Séoul. Il a toujours aimé cette ville, sujet de tous ses fantasmes et point de départ de ses rêves. Séoul c’est grand, c’est haut, c’est semblable à Busan pourtant mais Eunji n’a jamais aimé Busan. Il y a la mer et il ne supporte plus l’odeur du sel. Séoul lui a ouvert un monde différent de son petit quartier de pêcheur. Il y a vu les paillettes et les feux des projecteurs. o9 ⊱ Eunji a été stagiaire pour sa compagnie pendant trois ans. Une routine qui s’est installée dans sa vie : le travail, toujours, tout le temps, des heures en salle puis les quelques pauses, des amis ou quelques uns, son travail de serveur dans un fast-food, puis les appels réguliers de sa mère toutes les semaines. Une routine un peu loin de ses rêves mais il n’a jamais perdu espoir, la tête dans les étoiles et le cœur dans tout ce qu’il entreprenait. Puis un jour, il l’a eu son contrat. Un groupe de neuf garçon est un concept vu et revu ; image lisse, rythme entraînant, paroles édulcorées et chorégraphies harmonieuses. Les flash dans les yeux, paillettes dans les cheveux, les vêtements neufs et tous les regards sur lui. Il a enchaîné les entraînements, les représentations, les shootings et les concerts. Le rêve a duré trois ans. 1o ⊱ Puis il y a eu un concert. Le concert. Il n’y avait rien de spéciale pourtant. Ils en avaient déjà eu des plus gros, des plus petits, des plus stressant. Eunji se souvient juste avoir mal dormi la nuit d’avant mais rien qui ne justifie ce qui c’est passé. Un faux mouvement durant une danse ni trop facile ni trop dur, un peu trop de force dans le geste, un peu trop d’élan, puis un léger déséquilibre, un pied mal placé, une concentration un peu moins forte.. tout un tas de facteur qui ont fait qu’il est tombé sur son épaule. Le verdict a été immédiate : épaule ruinée, au revoir la scène, rentre chez toi. .