l'esprit accroché à des rêves enfantins, elle déborde d'ambition la gamine. désireuse de connaître la lumière, la gloire, être reconnue pour ce qu'elle veut être et non ce qu'elle est. échanger une vie construite sur des banalités contre les caméras et les cris d'une foule extasiée. alors elle s'accroche, elle persiste, toute sa vie elle se redresse et marche le menton levé vers le ciel, espérant développer une prestance admirable et enviée. modelée dans la fierté, suji ne flanche pas, pas devant les yeux curieux d'autrui. elle pleure, elle crie de l'intérieur, et parfois même elle s'abandonne dans les bras de sa meilleure amie, maudissant ces larmes éphémères sur sa peau dorée. et, en secret, son impatience la décourage. un obstacle, un échec, et les questions se bousculent dans sa tête alors désorientée. est-elle assez douée, assez passionnée ? plus rien ne va, plus rien ne file droit, et c'est en croisant le regard des autres qu'elle retrouve la force des premiers jours. dépendance à son entourage, dépendance à leur soutien. et l'enfant vit à travers les yeux de chacun, voyant son reflet dans leurs prunelles où elle prend vie. elle se lance chaque matin dans une nouvelle aventure, un sourire dessinant ses lippes maquillées, avant de faire face à des études peu intéressantes et à un boulot peu flatteur. un battement de cil au patron pour avoir son samedi, un clin d'œil au client pour espérer un pourboire, charmeuse ou peut-être fine manipulatrice dont les traits innocents vous séduisent. l'esprit agile, furtif, elle observe et elle bouillonne même parfois, lorsqu'elle aperçoit des mains posées sur sa proie, des regards un peu trop insistants sur ce qui lui appartient. jalouse, à la possessivité dérangeante, elle s'éloigne, se casse pour pouvoir pester dans son coin. une bombe à retardement facile à déclencher.


o1 ⊱ âme légère, âme secrète, elle peignait de ses rêves les murs de sa chambre, les faisant briller de par les paillettes et les étoiles collées un peu partout. une gamine aux rêves trop grands, une gamine à l'insouciance maladive et la timidité pourtant écrasante. elle chantait, dansait dans son jardin secret et l'ombre du monde extérieur venait la paralyser. ses membres se refroidissaient et elle ne savait plus aligner deux pas sans flancher. des regards furtifs, le coeur qui palpite, et elle courait jusqu'à chez elle pour retrouver son espace tranquille. puis il est arrivé, solaire malgré sa peau si froide, la langue rustre et le regard brillant. comme ses paillettes, comme ses étoiles. et elle a trouvé dans ses pupilles noires une lumière étincelante, avant de s'y laisser tomber. chute libre sans fin. parce qu'encore aujourd'hui, elle aime fondre face à son sourire. o2 ⊱ les mains moites, les jambes tremblantes, elle y est allée. seoul, ô belle seoul, ville où ses rêves pouvaient devenir une réalité, ville délicieuse aux yeux de l'innocente. elle a frappé à la porte de chaque compagnie, avec l'espoir bouffant d'être repérée et sélectionnée. seule, elle a pourtant eu le sourire moins confiant, la voix bégayante. pas assez forte, elle s'est laissée consumer par les ambitions des autres. de retour à busan, elle a pleuré la gamine, prête à jeter l'éponge, prête à se terrer dans sa chambre pour ne plus en sortir. mais il lui a souri et elle a retrouvé goût en l'astre radieux, en ses rêves éteints. une flamme s'est rallumée, plus grande, plus brûlante, et suji renaissait. o3 ⊱ enfant unique, adoratrice de ce père chaleureux et de cette mère affectueuse, elle avait toujours grandi en restant dans leurs bras réconfortants et protecteurs. une sensation qu'elle ne retrouverait probablement jamais, un manque qui se fait beaucoup trop étouffant avec le temps. parce que le lien si pur s'est brisé le jour où elle est rentrée sanglotante de seoul. ils n'y croyaient plus, ils ne voulaient plus l'entendre chanter, pas même sous la douche. la voir grandir et s'épanouir dans autre chose, un besoin viscéral de voir leur enfant changer de direction pour ne plus la voir tomber. alors elle s'est tue quand elle a compris que toutes leurs discussions finiraient en bastons. et elle ne sait plus comment leur parler la gamine, elle ne sait plus comment réagir dans cette relation faite de feu et de glace. o4 ⊱ dans son malheur, elle y aura trouvé le bonheur. sunhi. boule d'énergie au rire fait de diamants, doux et précieux. la nymphe l'entend et elle ne peut s'empêcher de reprendre vie en son rire. si aleksei est son soleil, sunhi est cette chaleur nécessaire lorsqu'il disparait. rencontrée peu après son échec à seoul, elle s'est accrochée à sa peau de lait et ne l'a jamais lâchée. essentielle à son bonheur et désormais essentielle à ses rêves. poupée au corps flottant sur les notes de musique, suji la regardait valser, danser, de ses yeux admiratifs. il y avait un réconfort dans ses gestes maîtrisés, une assurance qu'elle n'avait pas la gamine. alors elle lui a demandé de lui apprendre, de la faire bouger, de la décoincer. et elle est revenue frapper à sa porte un beau matin, l'esprit accaparé par cette idée folle mais si excitante: emmener sunhi avec elle, de nouveau, jusqu'aux portes des grandes compagnies. o5 ⊱ à deux c'était peut-être suffisant, mais elles ont persisté les gamines, pour mieux atteindre leur objectif, pour avoir plus de chances, elles ont recherché des âmes qui pourraient se racoler au leur. Des partenaires qui sauraient les faire monter au sommet comme elles l'espéraient. Si leur petit groupe reste au niveau amateur, ils se complètent et trouvent dans leur musique, danse, chant, un épanouissement infini. suji elle, elle se sent vivre et vibrer à leurs côtés. peut-être même trop, y créant une certaine dépendance.   o6 ⊱ et en dehors de ce groupe qu'elle chérit tant, la nymphe trouve un confort auprès d'autres jeunes artistes à l'espoir brillant. elle retrouve cette même passion en la douce nara. belle blonde aux yeux de chat, accrochant le regard de n'importe qui dans la salle. elle aurait pu être jalouse suji, si seulement elle n'avait pas été happé elle aussi par sa présence majestueuse. elle en a même sauté au plafond lorsque la femme faite de soie a répondu à son message avec l'idée de se voir pour chanter à l'unisson. chacune fidèle à son groupe et pourtant, leur duo pétille et elles rient, des étoiles dans les yeux, alors que leur voix s'embrassent dans une cover préparée. o7 ⊱ des larmes salées, glacées sur ses joues de poupée à l'âme torturée. elle le regarde passer et son cœur s'effrite à chacun de ses pas l'éloignant un peu plus de sa carcasse froide. elle sera jamais complète suji, jamais tant qu'il ne sera pas sien. et alors que son myocarde s'affole dès que son regard touche ses lèvres pulpeuses, son esprit se ferme et elle se braque. il ne sera jamais sien. ils n'étaient plus ce qu'ils avaient été. ils n'étaient plus que des souvenirs doux et réconfortants pour l'un comme pour l'autre. une distance imposée par le temps, par les sentiments. jalouse de toutes celles qui posent leurs doigts gelés sur sa peau brûlante, elle se mure dans un mutisme sacré et terrible. révélateur de ce qu'elle veut se cacher, révélateur de sa faiblesse qui a la couleur de ses yeux. a l e k s e i. responsable de son bonheur, de son malheur. elle imagine son souffle dans sa nuque et les frissons l'emprisonnent comme elle voudrait le voir l'emprisonner de ses bras amoureux. mais il est là le plus grand de leur problème. l'amour. un poison dont il se délecte tous les jours avec n'importe qui. tout le monde sauf elle. o8 ⊱ la douceur de baisers sucrés, la chaleur de caresses volées, minho. ses doigts laissent une sensation de chaud sur sa peau frissonnante de désir, et elle n'arrive plus à lui échapper.  En cette parfaite harmonie, leur corps s'unissent et ne font plus qu'un. il était un nouveau soleil pour la brune, un énième astre dans son univers noir. et elle était la lune, délicate, lumineuse dans l'obscurité de ses pensées destructrices. deux opposés qui trouvaient du réconfort dans les bras de l'autre, dans ces mots mielleux échangés. elle oubliait pendant ces instants de plaisir son sourire. il oubliait celle que l'on lui avait arraché. ils étaient fous de croire en cet amour naissant, de penser que, peut-être, ils s'étaient bien trouvés. parce que chacun causera la perte de l'autre. la déchirure est inévitable et ses conséquences n'en seront que plus tragiques..