— « there is peaceful. there is wild.
i am both at the same time. »
⊱ no sleep club. dark under-eye circles concealer. paupières grandes ouvertes aux plus lourdes heures de la nuit. la ville drapée de son manteau nocturne a plus d'attrait que la contemplation du plafond sur fond de
tic tac abrutissants (
insomnie). et parfois elle en craque, parfois elle s'effondre.
taewon a le don de récolter les morceaux, de recréer le puzzle qu'elle représente comme s'il n'avait jamais été autre chose qu'une pièce
intacte (
bestfriend,
coloc,
benefits).
⊱ 40% rock, 40% roll, 20% everything. sons véhéments ou tonitruants, échos furtifs, riffs fiévreux, saturation électriques et hurlements des ampli. artifices technologiques reconnaissable dès les premiers instants,
fuck your system craché à la face du monde, alternance de notes plaintives et rugueuses, son impétueux, protestation. à la scène comme à la vie, Nara n'est vraiment sereine que lorsque la musique lui fait
pulser le myocarde. en dehors du groupe dont elle est membre, elle infuse sa passion dans d'autres de ses relations ; des amitiés avec des talents telle
Suji, avec qui elle reprend des chansons sur un coup de tête souvent — a cappella, ou enregistre des covers au terme d'heures d'élaboration et d'améliorations. elle est incapable, par contre, de chanter en
public, et préfère largement s'acharner sur un instru qu'être affublée d'un micro.
⊱ making decisions by rolling dices. elle avait un avis si
tranché avant. était si
sûre de ses pas, de ses choix, assez pour en imposer aux autres avec l'assurance troublante des leaders auxquels on ne saurait dire:
tu pourrais avoir tort. mais elle s'est trompée de la pire des façons en demeurant aveugle à la détresse d'une proche et depuis, Nara n'est plus certaine de
rien. elle était agaçante et c'est presque—
jouissif peut-être, de la voir aujourd'hui osciller, vaciller, peiner à opter pour ci ou ça. Nara exècre le pathétique et a
compensé par des dés : la moindre décision en dépend. elle les garde au fond de sa poche, cubes discrets aux teintes
purple and teal qu'elle fait rouler entre ses doigts à l'abris des regards, lorsqu'elle se sent nerveuse.
⊱ keeping sadness on the inside. Nara vibre, Nara rit. Nara refuse que le trouble se lise sur ses traits porcelaine, sa fierté l'en
défend. ceux qui
savent l'agacent de leur pitié, de leur compassion. elle les doucine, les entraine sur d'autres sons, échappe constamment aux terrains glissants. Nara ne pleure
pas d'elle-même, ou très rarement. elle préfère être une étincelle, embras(s)er le ciel.
⊱ oral fixation. toujours quelque chose entre ces lèvres amusées. des sucettes et des friandises et des cigarettes saveur bonbon, la langue des autres au fond de sa gorge,
whatever. elle aime stimuler ses papilles sur des saveurs artificielles ou étrangères, Nara, et des épidermes de soie. on la voit si souvent s'enivrer de sucre qu'on en oublie qu'elle ne
bouffe pas.
⊱ sore loser, praise kink. oh qu'elle
hait l'échec. Nara, junkie— de
compliments. ils l'animent, l'enflamment, la font sentir vivante. elle supporte mal de perdre le contrôle sur l'issue d'un effort, ou de s'apercevoir qu'il n'était
pas suffisant. et tantôt ça amuse, tantôt ça gonfle, mais on ne manque jamais de la
narguer lorsqu'elle trébuche. surtout quand
on s'appelle
hani. hani le sale gosse, l'impertinent qui se pose en nemesis depuis bien trop longtemps ; hani épine dans sa chair, exaspérant (hani qui anime une flamme et lui donne une raison de faire la
guerre à l'apathie).
⊱ hair dye addict. difficile de se souvenir de sa couleur naturelle. elle s'est essayée à des nuances bleu pur, bleu-vert, au mauve pastel, au pourpre, au roux, au blond. on ne s'étonne plus vraiment de la voir changer sur un coup de tête, du jour au lendemain. on s'étonne pas non plus des efforts qu'il lui en coûte et de la texture un peu sèche de ses mèches trop fréquemment agacées.
⊱ (failure as a) matchmaker. c'est simple : si elle se met en tête d'aider votre couple ou de vous matcher,
fuyez.
— « i like beautiful melodies
telling me terrible things. »
o1 ⊱ mère. c'était une artiste, sa mère, avant qu'un époux strict et
tyrannique, droit
en apparence seulement, ne lui impose le rôle d'
épouse au foyer. esthète réduite au silence, toiles avortées gisant sous des tissus immaculés, piano livré à la poussière ; jusqu'à ce que Nara s'y installe, haute comme trois pommes, et se lance le défi de faire à nouveau vibrer leurs murs de mélodies par centaines, tentative de s'accaparer l'attention de sa génitrice débordée. ça n'a pas
suffi, elle n'était toujours qu'une enfant parmi d'autres. l'envie de plaire à sa mère s'est émoussée, à la place s'est instauré un
désintérêt lacé de
dédain. puis les enfants ont grandi, emportant avec eux les occupations plus chronophages. et bien vite, il n'est plus rien resté que l'ombre des rires d'antan et l'entretien de la maison, tâches ingrates. esprit créatif réduit au rang d'âme en peine, mère laissée derrière ; errance quotidienne à peine interrompue par quelques sorties visant à combler les vides des placards, et des absences. Nara, elle ne pouvait pas
cautionner ça : gosse ambitieuse alors, pétrie de rêves et sans doute d'arrogance, bouffée par l'intensité de ses espoirs.
déterminée à dévorer le monde, à en faire son royaume. la vie de sa mère lui paraissait pathétique et incongrue et chaque toc à sa porte, chaque regard brillant de l'attente d'une conversation ou de
quoi que ce soit pour briser les terribles chaînes de l'ennui la mettait en
colère. elle ne voulait pas être une diversion, Nara ; à son tour de ne plus avoir le
temps.
o2 ⊱ musique. entamé dans le but de plaire, délaissé sur un coup de colère ; repris après mûre réflexion, au bout de quelque mois d'inanition. passion partagée cette fois avec ses sœurs, mère et amertume oubliées. c'était sa pause
expression à travers le parcours acharné de carriériste invétérée auquel elle se consacrait à 200%. plus tard, le reste lui est passé. la
musique, elle, est
restée.
o3 ⊱ quinté perdant gagnant. cinq filles. elle n'y a jamais vu un fardeau, Nara : si sa mère était incapable de les aimer
toutes à la foi, c'est qu'elle n'était pas à la hauteur, fin de l'histoire. elles sont sa faille mais surtout sa force, de
Kara et
Saera, duo ainé, à
Sora et
Bora, dernières nées. et c'était marrant, dans le temps, les escapades nocturnes qu'elles s'accordaient par la fenêtre, et les éclats de rires qui effleuraient la voûte céleste.
o4 ⊱ père. modèle —
trahison. dans sa quête d'attention, Nara s'est aperçue qu'elle pouvait le trouver, cet intérêt manquant. il luisait dans les prunelles de son paternel sitôt que les notes qu'elle ramenait atteignaient des sommets. elle s'est enivrée de ces marques d'affection, petite prodige couverte d'éloges, criblée de baisers, comblée d'adoration. tant et si bien qu'il est devenu son
but à atteindre. parcours organisé à la virgule près, elle s'imaginait
juge comme lui, se rêvait
Thémis au sommet de l'Olympe: entre balance d'équité et marteau d'autorité. la chute est plus rude quand on
tombe de très haut. l'idéal s'est fracassé avec brutalité, emportant au passage tout ce qu'elle recelait de belles
certitudes. Nara, poupée allumette vacillant sur ses jambes, soufflée par la bourrasque. Nara qui mange le bitume et ses larmes, Nara parée d'amertume quand le héros de tout une existence chute de son piédestal, s'orne du rictus sordide des monstres contre lesquels elle croyait
lutter avec lui. papa troque la
vérité contre de l'argent sale. corrompt la justice, mène les faibles au précipice. papa vend des femmes comme de la carne de luxe, réseau de putes en hautes sphères et cols souillé des lèvres de celles qu'il s'approprie de force. papa sans foi ni loi derrières ses si beaux atours, au bout du compte—
(elle ne sait pas tout, n'est pas sûre de
vouloir ; les heures passées sur ses genoux et baisers apposés sur son cou auraient un autre goût si elle découvrait ce qu'il a fait à sa petite
Bora)
(et si l'incertitude est une autre forme d'agonie, tant pis)
Nara ne veut pas devenir
ça.
o5 ⊱ studieuse. golden touch, funambule domptant une corde raide entre
mémoire eidétique et
labeur. facilités acquises doublées d'efforts en pagaille sur fond d'égo et le résultat est Nara: parce qu'il ne suffit pas de miser sur les dons, parce que la vie n'est jamais si simple, jamais si
radicale, et qu'on n'a
rien sans rien.
o6 ⊱ sailor saturn. chokers pourpres sur peau d'opale, girlsband d'adolescentes. histoire de famille, les cinq sœurs réunies. ça a commencé juste comme ça : doigts sur les cordes d'une guitare, piano qui s'anime. la batterie s'ébroue pour donner le tempo, la basse suit, la voix se cale en apothéose. le tout est encore quelque part au fond d'un tiroir, sous forme de cassette vidéo comme on faisait dans le temps. leur premier morceau ensemble, et les suivants aussi, filmés par maman (de temps en temps, la main de Nara qui tente de barrer l'objectif, #soulée), parfois par papa. tranches de vie immortalisées et polaroids usés. Bora était la voix principale et quand elle s'est éloignée, puis éteinte,
Sailor Saturn a suivi.
o7 ⊱ Bora. double face. ange au contact de sa mère, de ses sœurs, mais tensions persistantes vis-à-vis de leur père et du monde extérieur ; la fille difficile. Nara ne comprenait pas ça, à vrai dire. avait beau l'adorer, elles se retrouvaient à tous les coups dans deux camps opposés lorsqu'il était question de
lui. Bora qui sortait les crocs et s'animait, provocante et impertinente, intenable, dans le but de nuire à la réputation des Bang, tentant même d'entraîner ses sœurs dans ses plans. Nara qui, elle, s'attelait plutôt à défendre son modèle et mentor, griffes dehors pour le défendre. mini-clans, forcément. mais leur microcosme ne demeurait jamais scindé bien longtemps. un battement de paupières et elles ne formaient qu'un à nouveau. mais Bora est
partie : elle a payé ses écarts, envoyée à en pension. et puis elle s'est ôté la vie. elles avaient toujours franchie ensemble les étapes importantes, les grandes pavant d'attention les chemins des suivantes, mais sur celui-ci elle les a devancées ; s'est engagée seule dans le
néant en leur laissant les
tourments en héritage. sans explication.
o7 ⊱ Sora. la jumelle esseulée, la moitié délaissée. Nara et elle se sont raccrochées l'une à l'autre, d'abord quand Bora a été envoyée ailleurs et puis, quand elles l'ont perdue pour de bon. l'une manquant de cran pour assumer ses rêves, l'autre n'en ayant plus à réaliser. l'année de son diplôme, fin de lycée, Nara a croisé les bras et regardé ses notes chuter, avec pour but de retaper — de rejoindre sa sœur. depuis, elles ne se sont pas lâchées. c'était
à deux ou rien. quand Sora a voulu tenter une fac d'art mais n'a pas osé, Nara s'est inscrite avec elle pour lui donner l'impulsion. quand Sora a hésité à se jeter dans un casting, Nara l'y a accompagnée. quand la première a été refusée, la seconde acceptée, Nara a décliné l'offre. loyauté en priorité, binôme intense : à s'adorer, à se déchirer puis à se retrouver, jamais dans la demi-mesure. des castings, elle en trouverait bien d'autres.
o8 ⊱ Kyô. il est là depuis si longtemps que Nara ne saurait dire d'où, comment, pourquoi. ex de Bora, puis ami de l'une ou ami de toutes: c'est équivalent. ça sonne un peu comme "
depuis toujours", quand elle y pense ; elle n'arrive pas vraiment à se remémorer une époque où il n'était pas là, Nara. à squatter leurs réunions top secrètes sous les combles, ou à échanger des pics avec Sora durant les répétitions. là aussi après la mort de Bora, pendant l'étape pénible des auditions pour une nouvelle chanteuse. ils venaient de perdre la leur, à l'aube d'une
toute première prestation ; de ces opportunités miracles qui tombent aux pires des moments, de ces rêves dont les portes s'ouvrent une fois — et plus jamais si on commet l'erreur de les clore. il s'est juste mis à chanter, Kyô, exaspéré par les
nullités qui s'enchaînaient en guise d'audition, et les filles ont tiré une tronche de deux mètres avant de toutes plus ou moins lui crier dessus. il aurait pu leur faire savoir plus tôt, quand même, qu'il était capable de
ça. non ? nouvelle ère, nouveau band:
iridescent.
o9 ⊱ acting. Nara elle s'enveloppe de personnalités autres et vit à travers des personnages de fiction. ça a été un effort terrible, pour elle, de comprendre qu'il ne suffisait pas d'enchaîner des notes à toute vitesse, de réciter des répliques, pour se prétendre
musicienne, s'affirmer
comédienne. ça a été long et pénible, il a fallu comprendre la nécessité d'y injecter des émotions, alors qu'elle s'était toujours attelée à ne maîtriser que la technique, dans tous les domaines.
c'est quoi alors, être artiste ? elle a demandé, frustrée. et Eojin qui lui imposait des échecs là où tous les autres l'encensaient, s'est contentée de lui répondre :
trouve les en toi, tes réponses. ce que tu éprouves devrait impacter ce que tu crées. Nara a rarement détesté quelqu'un plus fort que cette prof qui lui rendait des copies intactes, parfaites, affublées d'une seule trace de rouge :
0. notation
nulle pour son excellence
mécanique. Nara a rarement
admiré quelqu'un autant que cette femme qui l'a poussée dans le vide pour lui offrir de nouveaux horizons. Eojin l'a fait se réfugier dans la salle dédiée au théâtre et y chercher tout ce qu'elle ne savait pas exprimer.
c'est pas qu'elle en manque, d'émotions, au contraire : elles lui tracent des sillons enflammés tout le long des veines.
mais Nara n'aime pas
se mettre à nu, tout révéler, se rendre vulnérable — se livrer. fait amusant quand on découvre combien elle adore donner vie au ressenti
des autres. s'imprégner des personnages qu'elle doit interpréter, cerner leurs émotions fictives dans chaque occasion, les restituer à l'écran ; parce que ce qu'elle entame, elle veut le faire
à fond. de castings en tentatives elle s'est créé un réseau, enchaîne désormais de petits rôles ; c'est un début. ça arrondit les fins de moi. et surtout, ça soulage.
1o ⊱ iridescent. c'est devenu
sérieux. quand ? peut-être lorsqu'ils ont trouvé leur
harmonie. peut-être lorsqu'ils sont passés à deux doigts de signer leur
premier contrat. peut-être à la naissance de leur
fanbase, partagée entre
conflits féroces contre les fans de
Crude Play, ou tendance à shipper entre eux ces deux bands dont la mésentente prend pourtant ouvertement des allures de
supernova. Nara joue par envie, par passion, par espoir ; for the thrill of it. c'est tout un exercice, d'en tirer le meilleur, d'affronter les hauts et les bas sans perdre pied, de bosser à côté, de tout enchaîner. Sora, leader
intense, leur réclame
tout quitte à ne presque rien laisser, mais Nara ne saura pas vivre sans ça.