Elle est belle. Boyeon elle est belle. Tout le monde s’entend à le dire. Elle est belle. Même quand elle danse, plus dans la sensualité que dans la technique, la gorge en arrière, un éclat de rire comme un envol d’oiseaux. Elle est vivante Boyeon. Même quand elle est encore dehors, quand elle brille encore dans le monde de la nuit, et que ses amis sont déjà rentrés, partis, un baiser sur sa joue sur son front. Mais elle n’a pas envie de rentrer. Parce qu’il est pas là celui qui pourrait conforter cette solitude un peu trop bouffante, présente qu’elle ressent parfois la nuit. Il est en déplacement, sa présence soulignée dans des textes échangés, dans des coups de téléphone la journée pendant sa pause au café, ou en début de soirée quand le décalage horaire le permet. Alors elle reste un peu plus longtemps dans ce club, profitant de l’ambiance, rayonnant dans les néons colorés, dans le bruit des basses et dans ses mouvements aériens. Et elle rayonne Boyeon, même avec ses cheveux courts, pour une fois, coiffés joliment dans un ébouriffé naturel comme s’il avait eu le temps de rentrer de passer sa main dans ses cheveux et de l’embrasser encore et encore. Lèvres rosies par du gloss, elle s’arrête de danser, finit au bar dans un déhanché naturel, perché sur ses talons, juste l’envie de prendre un dernier verre avant de partir.
Mais elle est trop jolie Boyeon. Trop jolie avec ce bustier, cette jupe courte sans être indécente et ces talons qui rendent ses jambes plus interminables encore. Elle est trop jolie Boyeon. Et il y a cette main contre sa cuisse, presque entre, et elle sursaute, l’acide entre ses lèvres, déjà prête à s’échapper avec un commentaire ou deux bien sentis. Sauf qu’il est pas seul. Et qu’elle a sans doute un peu trop bu. Sans être ivre, elle tangue quand même, la voix trouble, les yeux humides. Et l’acidité est moindre balayée par leurs commentaires déplacés, presque indécents, une main à la rencontre de sa nuque et son épaule, un corps contre son dos pour l’empêcher de bouger. Et une peur. Son talon qui s’élève, un grognement devant, la main qui se serre derrière. « Fuck off. » L’anglais naturel entre ses lèvres, souvenir de son voyage d’études. La voix plus maîtrisée qu’avant mais qui s’étouffe dans la musique du club. Et comme un air de déjà vu, quelques semaines avant, il est de nouveau là. Chevalier protecteur. Il est de nouveau là pour la tirer des ennuis qu’elle n’a rien fait pour provoquer, comme si le destin s’acharnait un peu trop contre elle. Il est de nouveau là, et elle se rend compte, presque de manière déplacée qu’elle n’a pas son nom tandis que le poing de l’homme s’écrase contre le visage d’un de ses agresseurs. Ses mains qui remettent ses vêtements en place et Boyeon est à ses côtés quand il en a terminé avec eux. « Tu … Tu n’es pas blessé ? » Même question qu’avant ritournelle étrange, mais répétition rassurante. Elle est déjà prête à le trainer dans les toilettes pour soigner ses quelconques blessures si besoin, comme avant.