parce qu'il n'y a rien qui peut les séparer ces deux-là, pas même une interdiction de leurs propres parents.
hyomin yujin, duo insupportable, inséparable, ce sourire mesquin qu'ils ont en commun, autre que l’opulence d'argent qui les a fait se connaitre. c'est depuis l'enfance que ça se côtoie, depuis quasiment toujours qu'ils traînent ensemble. tellement proches que les disputes sont là, régulièrement, y a souvent le mot de trop, car ils sont trop honnêtes l'un envers l'autre, ils hésitent pas à se dire les choses quand bien même ils savent que ça va déplaire. mais engueulades qui finissent toujours par des accolades, câlins écœurants et claques détestables sur le derrière de la tête. c'est juste
eux, et ce n'est pas un
« tu arrêteras de fréquenter l'héritier des byun désormais » qui l'empêchera de le faire.
heures tardives, lune à son paroxysme, le silence s'alimente des faibles remous de la mer, vision éteinte par ses paupières closes. hyomin se laisse bercer par l'ambiance nocturne, la brise légère faisant danser ses longues mèches dans l'air. elle tourne son visage, ouvre finalement ses yeux pour rencontrer le faciès de son ami d'enfance dont le rire discret, familier vient s'inviter à ses oreilles comme une douce chanson. la lueur défectueuse du lampadaire derrière eux les fait pouffer, comme des gamins. les instants avec yujin sont les seuls où elle s'autorise à oublier ses responsabilités, son stress quotidien, sa vie. cette situation n'est que folie,
connerie, mais ça les ressemble que trop bien, tout n'est que foutoir dans leur existence qu'ils se répètent, dramatique. ils aiment se ruiner, un peu plus chaque jour, comme le prouve les deux bouteilles d'alcool qu'elle tient dans chaque main. et le bateau en piteux état devant eux.
« toujours partante ? »hyomin ne dit rien, un simple regard est suffisant pour yujin.
« c’est pas illégal de se promener dans les eaux troubles en pleine nuit sans raison valable ? »hyomin se mord les lèvres pour empêcher son rire d'éclater trop fort.
« mais n'est-ce pas justement parce que c'est illégal qu'on le fait ? » la température est glaciale, pourtant son corps bouillonne d’excitation.
(et probablement d'ivresse à la vue d'une des bouteilles bien entamée)
« tu me diras : est-ce légal de vendre une pourriture ?! »juste un hochement de tête réprobateur,
bien sûr que non.
mais là tout de suite, hyomin s'en fout de l'état du bateau.
« viens. »et par la réponse de yujin, elle sait que c'est réciproque.
elle dépose les deux bouteilles d'alcool dans le bateau, et s'aide de son ami pour montrer à l'intérieur. il démarre le moteur aspirant peu confiance en entendant son bruit, mais les voilà partis, sur les eaux troubles de busan.
ils s'aventurent sans destination sur plusieurs kilomètres, éclairée seulement par la lumière du phare, les reflets lunaires et le flash de leurs téléphones onéreux. hyomin admire le paysage se dessinant à sa vision, cette ville dans laquelle elle s'épanouit et se détériore depuis dix-huit années. ne voulant se faire rattraper par ses pensées qu'elle garde nuit et jour, hyomin attrape une des bouteilles d'alcool et prend grossièrement plusieurs gorgées sous le regard amusé de yujin.
« t'en veux ? »après plusieurs minutes à sillonner la mer sombre, hyomin entend son ami d'enfance éteindre le moteur, laissant le bateau terminer son trajet doucement. à présent seuls, l'impression d'être loin de tout. l'alcool enivrant son esprit, hyomin se sent libérée, plus que jamais. et c'est dans ces moments-là, avec yujin, qu'elle se met à parler, à se
livrer, de conneries qui lui passent par la tête, mais aussi de l'intérieur qui la bousille car elle aime avoir la parole de son ami d'enfance, ça la réconforte, ça ne la fait plus se sentir seule.
« c'est la combien de fois qu'ils nous disent d'arrêter de nous fréquenter pour nous dire de se réconcilier après? j'ai arrêté de compter, c'est vraiment qu'une bande d'hypocrites »hyomin lâche un rire amer à l'attention de leurs deux familles. elle change directement de sujet, révélant le conflit de ses pensées.
« mon abruti de frère est venu me rendre visite dernièrement, complètement défoncé comme d'habitude, et tu sais pas ce qu'il m'a dit? »
elle prend une énième gorge sur la bouteille d'alcool avant de continuer, sentant la colère monter.
« de demander à notre père à ce que je change de fiancé, que je me sépare de kitae "si c'est pour me comporter comme je le fais", il m'a dit ça comme si c'était possible, puis comme si j'étais la seule fautive dans l'histoire, je le déteste, je déteste kitae aussi, j'en ai tellement marre de tout ça yujin »les joues rosies par le froid et l'alcool, hyomin avale encore plusieurs gorgées, celles-ci passant difficilement. sa tête tourne, son regard commence à se troubler, son cœur est dévasté, et quand bien même elle veut s'amuser et ne plus penser à tout ça, ses mauvaises pensées reviennent toujours à la charge, à chaque fois, c'est douloureux, frustrant.