Attente. Le regard sur le soleil qui se couche sur la mer, le pull de son homme qui enroule son corps peu habillé, elle attend. Inlassablement elle attend. D’abord elle attendait devant. Devant le piano qu’il y avait dans le grand séjour, ses doigts se perdant sur l’instrument. Puis lassée, presque déconvenue, elle était sortie. L’endroit bien placé, une vue à couper le souffle, la mer pour seul horizon. Mais l’attente qui gâcherait presque ses traits. Une moue boudeuse au visage. Tableau qu’on pourrait peindre, les jambes sur la rambarde du balcon, dentelles qui se dévoilent dans la pénombre du coucher de soleil. Moue boudeuse sur son visage, ses lèvres délicatement rosés en un bouton de rose, ses bras croisés et un verre vide à ses côtés. Il est en retard. Réalisation certaine. Il est en retard. Et elle commence à saturer Boyeon. Assez pour dénigrer la nuit sur l’océan, refermant derrière elle la baie vitrée d’un coup sec. Il est en retard. Et elle regarde avec dépit le repas qu’elle avait tenté de lui préparer. Larmes aux yeux. Il est en retard, absent, son voyage déjà allongé deux fois et elle sature Boyeon. Elle sature, voudrait s’indigner. Mais elle n’a personne à qui crier, sur qui hurler. Alors elle s’énerve contre la vaisselle. La jolie table qu’elle avait passé tant de temps à dresser n’est plus qu’un champ de ruine. Verres contre le mur, les assiettes au sol, et ses larmes sur ses joues, son maquillage menaçant de couler aussi. Il est en retard et ça va bientôt faire trois semaines qu’elle ne l’a pas vu.

Des envies de rentrer chez elle, dans son petit studio cosy, mais elle hésite la main sur son sac ses vêtements sur le lit. Elle hésite et fini par s’allonger sur celui-ci, le chien de Yunpil à ses côtés, sa tête contre la fourrure de l’animal pour y cacher les larmes qu’elle retenait encore. Il lui manque. C’est comme une évidence, et c’est pour ça qu’elle reste. Même si elle est déçue, blessée, elle reste. Parce qu’il lui manque. Les larmes qui coulent silencieusement, le bruit de la mer en fond sonore, et pour seul confort ce chien digne d’une peluche qu’elle serre contre elle. Elle l’entend rentrer pourtant. Elle n’a pas entendu la voiture, mais elle entend les clefs. La porte qui se referme. Elle imagine déjà sa tête sur la pénombre de l’endroit. Sur le carnage aussi, qu’elle lui a laissé dans le salon. Vaisselle cassée, nourriture gâchée, bouquet de roses en lambeaux. Et lorsqu’elle se lève, si belle vraiment avec ses talons, les bas qui lui galbent les jambes, short de dentelles et porte-jarretelles visible en dessous du pull trop grand qui dévoilent pourtant le bas de son corps, les mots assassins qu’elle lui réservait se perdent. Ils se perdent tandis qu’elle lui fait face. Lui à l’entrée de la chambre, elle irréelle, assise au bord du lit. « Tu vois quelqu’un d’autre ? » Ce n’est pas ce qu’elle aurait voulu lui dire Boyeon. Mais elle boude. Elle est jalouse aussi. Et ça gronde en elle. Elle cherche une explication rationnelle. Pour expliquer ce retour tardif. Elle se sentirait presque mal à l’aise sous son regard. Soudainement en crainte de ne plus être la reine de son royaume. La couronne presque trop lourde. Et y’a cette hystérie en elle. Et ce besoin de réconfort palpant.