La vogue menthe à la bouche et un pull en cachemire couleur
bubble-gum, Haru vous sourit. Elle est comme ça, à aimer donner de la joie aux gens, surtout ceux qu’elle ne connaît pas. Profitez-en,
vous clignez des yeux qu’elle est déjà partie. Si vous avez un peu de chance, elle vous emmènera avec elle, préparez-vous simplement à faire un pacte,
Pinky promise, de ne rien révéler et de ne surtout pas la quitter, du moins pour ce soir. Le ciel sera plus bleu que jamais, la nourriture encore plus gouteuse qu’autrefois. Vous garderez probablement des
souvenirs impérissables de son
large sourire et sa fausse naïveté. Pourtant, le lendemain, les traits de son visage s’effaceront, il ne vous restera que des ombres évaporées et un
faux numéro qu’elle vous aura laissé.
Haru n’est pas une personne de confiance, pour la simple et bonne raison qu’
elle n’aime pas le passé. Pour elle, l’idée même d’
éternité n’est qu’un mythe inventé par des ménagères lassées de leur propre vie, cherchant une excuse pour pardonner
la routine qui s’installe, telle une conasse. Pourquoi vouloir toujours répéter la même chose? Pourquoi vouloir toujours se réveiller au même endroit, avec la même personne? Quel en est l’intérêt? Barbi est en
recherche continuelle de cette première fois, ces papillons qui vous descendent l’estomac, si proche du gout de l’
ecstasy et aussi doux qu’un
bonbon à la réglisse.
C’est son démon.
Dans ses rares moments d’égarement, la blonde platine se dit que sa vie serait surement plus appréciable si elle pouvait se contenter de peu. Si seulement elle arrivait à trouver
un putain de soulier de verre qui aille à son pied, elle aurait la satisfaction d’arriver à se poser, ne serait-ce que quelques années, quelques mois, même
deux trois jours seraient suffisants. Connaitre le bien-être d’être dans les bras de quelqu’un que l’on se permet d’appeler « poussin », le plaisir d’un au revoir qui n’est pas un adieu et la possibilité de se dire que cette personne nous appartient. Mais l’idée même de répétition effraie Haru, si fort que ses yeux deviennent humides. La jeune femme a déjà essayé de se changer, écoutant ses proches et leurs complaintes incessantes sur le manque d’engagement dans sa propre vie. Raté.
Parfois, elle a l’impression d’être une
simple spectatrice de son destin, l’âme séparée de son propre corps à regarder cette étrangère qui passe de ville en ville, d’homme en hommes et des rires aux pleurs sans aucune pause.